samedi 22 décembre 2012

Même en jouant du pipeau la science a l'air de dire le vrai

La science c'est pas triste quand elle se mêle de tout, elle a une fonction extrapolatoire que l'on utilise depuis toujours, une sorte de principe du etc qui vise à recouvrir le réel à partir d'un petit point que l'on juge solide. Cela donne des affirmation qui on l'air vraies, mais sonnent le creux si on veut se donner la peine de toquer un peu.
Par exemple, dans un entretien avec un biologiste, on trouve ceci:

La différence entre  hommes  et femmes est d'ordre chromosomique (donc génétique); des facteurs génétiques expliquent les différences de couleur des yeux et des cheveux; certaines de nos préférences alimentaires son d'ordre génétique (par exemple ceux qui, adultes, sont intolérants au lactose, n'aiment as boire du lait), etc. La liste pourrait s'étendre considérablement sans quitter les chemins bien balisés des études scientifiques sérieuses et bien balisées.

On dirait que c'est vrai...sauf que la différence génétique chromosomique hommes/femmes tient à rien, un gène...et puis qu'en suite on utilise toujours l'argument de la couleur des yeux et des cheveux, comme déterminisme génétique, parce qu'on n'en voit pas bien d'autres, et puis là on mélange goût alimentaires et tolérance...
Et puis après, on dit que la liste va s'allonger : fonction extrapolatoire de la science, mais qui est juste une promesse, qui comme chacun sait n'engage que ceux qui y croient.

Dans un livre de 1936, j'ai trouvé ceci:

 L'étude de la chronaxie n'a rien apporté, au point de vue racial, de bien significatif.  On sait l'importance qu'a prise dans la physiologie contemporaine cette donnée, due à Lapicque, caractéristique de l'excitabilité des nerfs et des muscles.  Il est un peu surprenant qu'aucune différence appréciable de chronaxies n'ait été jusqu'ici relevée entre les divers types humains alors qu'on en a observé de fort nettes entre les race, de chiens.  Des recherches systématique, mériteraient d'être entreprises à ce propos.  Il semble en effet, peu contestable qu'il y ait dans la tonicité nerveuse générale des différences d'ordre, racial. je relâchement musculaire semble différent chez les Orientaux et chez les Européens au repos.  Le Nègre ne travaille pas de la même façon que le Blanc et montre moins de raideur dans l’effort.   

La chronaxie, c'est une mesure de l'activité nerveuse qui n'existe plus.... Ce qui est amusant, c'est que le fait que l'on n'ai rien trouvé ne prouve rien, puisque l'on sait qu'il y a quelque chose, et que le sens commun le voit bien.  
Ainsi va la science: quand elle veut s'appliquer aux choses subtiles de la nature humaine, elle s'appuie essentiellement sur la rumeur commune, habillant les ragots de la perception d'une blouse blanche qui fait sérieux. Mais on n'a fait que répéter ce dont on était persuadés avant : il y a différence de nature entre les Blancs et les Noirs (1936), il y a différence de nature entre hommes et femmes (2012). Je ne nie pas qu'il y aie différence, mais qu'elle est-elle ? Quelle est son statut ? Quelle est sa profondeur ? Qu'implique-t-elle ? J'ai moi même une différence avec ceux qui ont les yeux marrons, c'est dire si je comprends bien la différence.

vendredi 14 décembre 2012

La thèse de Gilles était délicieusement incompréhensible


Quand Gilles a soutenu sa thèse à l'ENS, j'ai pris quelques notes. Remontées approximativement, ça donne à peu près ça :
 
"J'ai suivi le spectre Raman jusqu'à 700 K, et personne n'avait étudié le graphite in situ au-delà. J'ai décidé alors de le faire, à l'aide de nitrure de bore hexagonal, et j'ai usé d'un laser pulsé, augmentant ainsi peu à peu l'énergie des niveaux vibrioniques. Ceci, je l'ai publié dans la revue Carbone, à la suite de Kalampoumias, Fujimori, Zouboulis, Yashima, Exahos, Schaaf, et al.
"Et alors, j'ai assisté à un phénomène d'exaltation de mon spectre grâce à la résonnance, et ceci était particulièrement vrai pour des bandes d'absorption de pi à pi étoile.
"J'ai pressenti, par un traitement de signaux originaux, des corps si luminescents qu'il n'est pas possible des les caractériser dans le visible. Leur mode, ce mode que vous voyez là à 1300 centimètres moins un, est bien le mode triplement dégénéré du diamant. Il n'apparaît normalement pas, et je fais l'hypothèse du gainage des nanofils, qui masquerait le signal du diamant, à moins que ce soit la graphitisation de l'ensemble, qui le fasse purement et simplement disparaître.
"Cet écart, cet écart que vous voyez là, entre ma courbe et celle de Bernini, est bien la mesure, la mesure enfin trouvée, de l'anharmonicité du monde qui nous entoure. Je voulais vous le montrer.
"Merci."
Silence.
"Ça vous a plu?"

dimanche 9 décembre 2012

Parfois, une femme ressemble à une femme, mais c'est bref

Tiens, on va dire que je dessine beaucoup de femmes en ce moment. C'est vrai, c'est mon côté hétéro. Celle-ci était extrêmement femme. Et je me suis dit que, oh merveille, parfois la réalité ressemble à ce qu'on en imagine, et c'est un grand moment. Qui ne dure pas, mais un grand moment quand même. 
Mais c'est quoi, une femme, en fait ? La question bien sûr n'est pas tranchée. On pourrait, provisoirement, dire qu'une femme est celle qui ressemble profondément, un instant, à l'idée qu'on se fait d'une femme. La définition est un peu circulaire, mais je n'en vois guère de meilleures. Un corps, féminin ? Une nature, féminine ? Allons ! J'ai lu dans un article scientifique à propos de l'ocytocine : « La testostérone rend les hommes plus vulnérables mais plus enclins à la prise de risques. L’ocytocine rend les femmes douces et empathiques. » C'était censé fonder la nature sexuée d'une façon biologique, donc indiscutable. Ha ha ha....si c'est ça, la nature féminine ou masculine, bien des hommes que je connais n'ont pas de testostérone, et bien des femmes, pas d'ocytocine. C'est merveilleux quand la science, par une métaphore hormonale (car ici, il s'agit de métaphore, pas de faits) reprend la formulation exacte d'idées éculées. Pas besoin de colloques scientifiques, un café du commerce ou un repas de famille vous permettrons de récolter les mêmes déclarations.

Le blog d'Odile Fillod explique ça de façon sérieuse et méthodique. Pas comme moi.

vendredi 7 décembre 2012

j'ai toujours pensé que le nez était une grande part de la beauté du visage d'une femme

Ce matin il neigeait à petits flocons qui tourbillonnaient en bourrasques. J'ai du aller dans les grande avenues du 8ème, et toutes celles orientées à l'est donnaient passage à un vent glacé  qui me sifflait aux oreilles. Je sentais ce froid de la neige, les flocons s'accumulaient dans mes cheveux, mes sourcils, la face avant de ma veste, tout mon visage était glacé et je respirais à fond. Je retrouvais les sensations de l'hiver à ski de fond sur le plateau d'Hauteville. Ensuite, il a neigé à gros flocons lents qui tombaient comme des duvets d’oreiller, puis tout s'est résolu en pluie, gâchant plusieurs heures de chute. Enfin le ciel s'est ouvert sur des étendues d'un bleu fragile, et des nuages bordés d'orange et de rose flottaient au dessus de la Saône qui avait monté. Ensuite ce fut la nuit, mais c'était une belle journée d'hiver.

mardi 4 décembre 2012

Eve éternelle

Et alors le serpent du réseau dit à la jeune femme : "Croque donc la petite pomme, tu verras, c'est intuitif, prédécoupé selon la forme de tes jolies dents, et tu auras ainsi la connaissance." Alors elle croqua, bien sûr, et le paradis, ce fut fini : il n'y eut que la pomme, croquée, et collée à tout ce qu'elle faisait. Et elle ne faisait plus que ça : regarder la pomme. La pomme l'avait dévorée.

dimanche 25 novembre 2012

Fripoulle premier, duc de droite, propose de mettre sous alarme les pains au chocolat

L'autre jour, lors du temps réservé aux questions dans une rencontre, moment où l'on entend toutes sortes de questions, on me demanda si la crise de l'UMP pouvait m'inspirer un roman. Un roman ? Tant que ça ? Non, une histoire drôle suffira bien.

mardi 20 novembre 2012

Les affaires reprennent, heureusement

Quand je pense qu'il a fallu que j'attende un train à Strasbourg pour recommencer à dessiner un peu ce que je voyais. J'ai attendu une heure à côté de la gare, un dimanche matin de froid vif, dans une sorte de pâtisserie turque, mais grande. Et d'arrêter de courir m'a soulagé, j'ai regardé les gens, et dessiné un peu. Quel bonheur silencieux ! Au mur il y avait des pub pour le kebab, mais faites en Allemagne. C'est pas loin de Strasbourg, et l'industrie du kebab y est plus florissante et plus organisée, st s'exprime par des affiches très colorées que l'on ne trouve pas en France. C'est une des joies de l'exotisme, même à peine transfrontalier : quand de toutes petites choses banales ne sont pas exactement faites comme à la maison. Du coup on le remarque, et du coup on remarque celles restées à la maison. Le voyage pas très loin transforme la regard sur l'ultra banal. Ce qui est de bien plus d'usage que le spectaculaire.

dimanche 14 octobre 2012

Avant l'heure, c'est pas l'heure, c'est ça qui est bon

Bon je tiens à remercier de leur sollicitude ceux qui m’ont présenté leurs condoléances d'anniversaire pour la note précédente, mais qu'ils se rassurent, j'ai encore six mois. C'est un peu comme quand le réveille sonne avant l'heure, et qu'on n'a pas besoin de se lever. Alors on se rendort, avec un plaisir redoublé. Je connais des gens qui laissent leur réveil comme ça pendant les week end, ce qui est une sorte de sadisme inverse, une forme de jouissisme, pourrait-on dire. Avec le dessin de maintenant on va croire que j'ai du vague à l'âme. Mais là aussi, je fait du jouissisme malsain : je suis encore tenant du titre pour bien quinze jours. Après, bien sûr, je disparaîtrait aux oubliettes de l'histoire, et je ne serais pas que sur l'article Goncourt de Wikipédia, entre Houellebecq et le nouveau, pour l'éternité. J'espère que le nouveau a de la conversation, parce que les jours sur Wikipédia sont longs.

samedi 6 octobre 2012

Près à croire tout ce qui me fera croire qu'il me fait du bien

Il n'y aurait pas un truc numérologique qui dirait que le cinq, quand il est suivi d'un zéro, devient talisman positif ? Annulant ainsi toutes les ondes négatives émises par cette cruelle association ? Parce que je suis preneur, c'est urgent. Parce que ce n'est pas des ondes délétères, ça, qui font que le souffle se récupère mal, et qu'il faille dormir une nuit sans faille, et que le vin, au-delà de deux verres, tapisse l'estomac tout le lendemain, et que les bières et les frites d'hier soir viennent juste de finir de se digérer ? Ce ne peut être qu'une malédiction aztèque liées aux chiffres, parce que jusqu'ici, ces symptômes, je ne les ai jamais eus.

samedi 29 septembre 2012

Les voies de la Compagnie sont impénétrables. Heureusement.

Lors d'une conférence d'un Jèze, je note cela qui me plaît beaucoup. Mais il en était assez content, alors cela à commencé avec dans le flou et ça s'est poursuivi dans les rires de la salle. Et j'ai un peu perdu le fil. J'ai noté vite, mais pas le contexte. Je ne me souviens plus du tout ce qu'il voulait dire, ni même à propos de quoi il le disait. Ne reste plus qu'un paradoxe amusant, qui par sa concision même prend tout son poids de métaphysique, ou de blague. Ce n'est jamais très loin.

dimanche 23 septembre 2012

Les métropoles n'appartiennent à personne, heureusement


Une brillante médiabaronne, dont le métier est d'être entre autres polémiste, dit Wiki, écrit dans un article cette phrase qui sonne si merveilleusement le vrai :" Moi, quand je me promène dans les rues d’une ville, j’aime que les vêtements, les visages et les odeurs me disent où je suis." Et quand une phrase sonne si bien, comme sonnent si bien les verres de cristal, elle est vraiment fragile. Car au fond, "savoir où l'on est", par le spectacle si typique de particularismes, on ne le sait que dans les guides touristiques. Ou dans l'envie qu'on ne a. Parce que sinon, dans la réalité, c'est un peu mélangé. Et c'est d'autant plus mélangé que la ville est grande. l'article dont il est question traitait de Paris, et paris est juste ment l'endroit du monde, un des endroits du monde, où cette phrase qui sonne si vrai ne s'applique pas vraiment. Paris, c'est nulle part, parce que Paris n'est pas une ville, mais une métropole, paris est un chaudron où se brasse une dizaine de millions de personnes bien serrées s'entrechoquent en permanence. La métropole n'est pas l'émanation du lieu où elle est plantée, mais l'émanation de son propre flux intérieur; Les métropoles n’appartiennent à personne. C'est là leur enfer, et leur génie propre, leur angoisse et leur liberté. Moi qui suis petit gars de la campagne, je vais à Paris pour être nulle part, et en suis fort heureux.

lundi 17 septembre 2012

La ménagerie des étranges accueille un nouveau membre

Michel Serres est verni, quand il rencontre quelqu'un qui pianote sur son intellophone (intelliphone est déjà pris par une société américaine) et bien non seulement il en tire toute une réflexion sur l'économie de la connaissance, mais en plus c'est une charmante jeune femme, tout contre lui, dans une voiture de métro bondée. Je n'ai pas cette chance et ce talent (je ne sais pas laquelle des deux qualités s'applique à chacune des aventures de maître Serres). Moi c'est un gros type tout rond sur un banc qui vit dans son pouce sans relever les yeux. Mais peut-être il s'en passe de belles, sous son pouce. On a le monde dans sa main, et ses relations aux autres également, dit le maître. Oui. Et l'inverse aussi, car toute chose en ce monde est suivie de son ombre. Le nouveau savoir entraîne de nouvelles formes d'ignorance, la nouvelle intelligence de nouvelles formes de stupidité, le nouveau lien de nouvelles formes de solitude, consentie ou non. Dans le monde de la connaissance et des 5 000 amis apparaît l'Otaku, l'homme bulle qui flotte tout seul. Il n'a besoin de rien, il a tout dans sa main.

mardi 11 septembre 2012

Le marché aux grosses légumes


Dans un salon des livres on est comme au marché des petits producteurs de légumes, on est derrière son banc, alignés, derrière sa petite production, et on attend. Sauf qu'il est inconvenant dans le monde feutré de la chose écrite de se lever et de hurler des cris de maraîchers. Quoique certains s'y essaient. Alors on discute avec le lecteur qui vient signer, on sympathise avec le petit producteur qui est à côté, mais des fois quand même j'aimerais me lever et crier: " Il est beau mon prix, on liquide, on débarrasse, pour un acheté l'auteur vous raconte une anecdote inédite, pour deux d'un coup, une blague de chambrée, pour trois, aïe aïe aïe, l'auteur il vous embrasse..." Mais je me retiens. Alors je griffonne les gens qui passent, avec une garantie de ressemblance proche de zéro pour cent. Et là, à ce salon là de dimanche, comme je m'ouvrait de mon désir de griffonner à une lectrice venue me tenir compagnie, elle m'a acheté un exemplaire, et m'a donné une feuille de son carnet d'aquarelle, que je me suis empressé de gribouiller au stylo bille. Bénies soit les lectrices généreuses.

mardi 4 septembre 2012

On ne se lasse jamais de regarder ses congénères

Retour aux affaires, donc, parmi l'agitation habituelle. Le lycée, c'est comme la piscine : quand on est au bord, ça paraît insurmontable et froid, on regrette déjà de s'être mis en maillot, on voudrait réenfiler son peignoir. Et puis quand on y est, on nage, et tout va bien, on se demande même pourquoi on a hésité; c'est la vertu de ce métier hautement relationnel : dès qu'on est avec les autres, d'autant plus si on apprécie et estime ces autres, tout se résout, on est lancé. Et puis rêveusement on regarde les dames dont la délicate architecture est pour chacune différente, et cela donne une idée de l'infini. Celle des hommes sûrement aussi, mais je regarde moins ; question d'habitude.

mardi 10 juillet 2012

Le stress de l'examen rend créatif

Et voilà, c'est fait. Le dernier ado tremblant est parti avec son bac rattrapé. J'ai tâché de juger au mieux, mais parfois quand même, ce qui m'est présenté comme de la biologie moderne n'est qu'un extraordinaire smoothie à base de rumeurs confuses, d'opinions tordues et de confusions extrêmes où le symbolique tient bien plus de place que le scientifique. C'est étrange ce qu'un adolescent de 18 ans peut parfois dire sur certains chapitres, particulièrement ceux-qui concernent la génétique, la sexualisation, et la reproduction. Ils parlent beaucoup d'eux, pas vraiment d'un savoir rationnel. Le barème est complètement explosé, car il ne prévoit pas une utilisation sauvage des termes de la biologie. Alors on tâche de juger au mieux.

jeudi 5 juillet 2012

Les coulisses de l'institution

Aujourd'hui des listes de nombres ont été lues à haute voix, le tout vérifié, additionné, puis tamponné de différentes façons. Pour que l'examen aie quelque sens il faut une intervention humaine. J'étais, avec quelque autres, cette intervention humaine dans un monde de  chiffres. Ce n'était pas très drôle, mais vaut mieux ça que la machine.

mercredi 6 juin 2012

Ils grandissent....

Faut pas rigoler avec ça...chu ultrasérieux, mafioso et bodyguard...mon fils (le grand, en engageant les deux petits...) a fait un superfilm. Mon sens critique est bien sûr un peu brouillé par les larmes de joie que je verse quand je vois ce qu'il a fait, mais quand je m'essuie et mets mes lunettes pour cacher mes yeux rougis de fierté, et ben il me paraît toujours bien, ce film. Bravo les p'tits gars.


A carré (Washer Production feat... par WasherProduction

vendredi 25 mai 2012

Le crayon est une flêche qui indique l'emplacement exact du bonheur

Quand j'avais vingt-cinq ans, Michel Serres était mon héros intellectuel. Qu'un homme pense par l'exercice gourmand de la langue, et applique cette pensée au science, cela m'enchantait, et la simple existence d'un tel homme me rassurait sur moi même : ce que j'aimais pouvait exister, puisque cela existait. Et il m'a ouvert à la philosophie pratique : non pas une philosophie rationnelle et abstraite de concepts, mais une philosophie de lutteur qui s'empare de son objet réel pour tenter d'en résoudre l'incompréhensibilité immédiate. Et il m'a montré aussi que dans la structure même des mots, il y a du sens; 
C'est dingue ce que je lui doit ! Moi qui a manqué cruellement de maître, il en fut un.
Bien sûr, en simple termes graphique (mais c'est sûrement métaphore de quelque chose) se pose toujours le même dilemme : que considérer comme le résultat final de mes gribouillages ? Ce qu'il est convenu d'"appeler un brouillon, que j'ai eu grand plaisir à modeler, à voir apparaître lentement, à partir de rien ? Ou ce qu'il est convenu d'appeler le dessin fini, que j'ai eu grand plaisir à tracer en noir net sur du blanc net ? Celui-ci gagne en netteté ce que celui-là perd en souplesse...le dilemme est sans solution. Tant pis. Ce qu'il y a de bien dans le dessin, quand on fait ça sans autre ambition que le plaisir qu'on y trouve, c'est le temps tranquille que l'on y passe ; qui parfois, souvent, est une forme assez accessible de bonheur.

jeudi 10 mai 2012

Parfois le cri de joie est la forme que prend le soupir de soulagement

Bien sûr l'image date du 6 mai...mais il n'y a pas de date pour être content. Et puis plusieurs lundi ça sentait le printemps, le vert des arbres était d'une grande diversité et subtilité et les oiseaux chantaient avec la précipitation de ceux qui ont des semaines de grisaille à rattraper. C'était le premier jour après l'élection présidentielle. Pour l’instant ça se passe plutôt bien. Seul souci : de qui vais-je dire du  mal, maintenant ?

lundi 30 avril 2012

Y a pas de mal à dire du mal, même des fois ça fait rire







On en dit du mal, de moi, mais c'en est grotesque comme c'est drôle, ou bien drôle comme c'en est grotesque. Par exemple, dans une revue très bien pensante qui dénonçait (ha ha...) l'aspect rétrograde de la littérature française, on lit ça : 

La musique des trente dernières années a été bouleversée comme jamais par les beats et les nappes synthétiques. Les écrivains, eux, se sont achetés des boules Quiès. (...) La cause de ce marasme ? Voilà l'hy­pothèse : le fantasme littéraire, qui court depuis le XIXe siècle, de l'autar­cie voire de l'autisme. L'écrivain est seul : seul comme Flaubert, l'ermite de Croisset. Dernier exemple en date, celui du Goncourt 2011, L'Art de la guerre : Alexis Jenni vit à Lyon, loin de l'épicentre parisien de la vie littéraire, son narra­teur-écrivain est un solitaire en marge de la société. Rien d'étonnant, dans ces conditions que les romanciers se désin­téressent de la musique électronique, musique grégaire s'il en est, musique des masses.

Bon, on passera sur le fait que l'auteur de l'article ne soit même pas arrivé au bout du titre du livre qu'il cite (j'en ai vu, qui lisent pas, mais là...), et on se demande la valeur de son hypothèse. En fait, il dit, les écrivains sont ringards de pas parler de l'électro parce que ils se la raclent avec des postures baudelairiennes. Et puis comme l'autre ringard habite à Lyon, ben c'est normal qu'il connaisse rien à rien de la musique. Mais bon, à Lyon, l'électro y a ce qui faut. C'est juste que c'est chiant. En fait, juste, les écrivains parlent de ce qu'ils aiment, ils font pas leur devoir de contemporanéité. La musique électronique me gave vite parce que je n'y entends personne jouer. Je préfère carrément le rap, parce qu'il y a quelqu'un qui parle. Les choses sont simples, finalement.
Allez, un peu de musique à l'ancienne, faite par des gens, 
qui résume mon humeur quand j'ai lu ça. 

jeudi 29 mars 2012

L'utopie, par définition, nest pas là


Avec le soleil reviennent les terrasses, et les gens dehors assis. Mon crayon salive. Il est certains qui dessinent longuement, travaillent leurs effets, savent faire. Mon utopie du dessin est celle-ci : dessiner sans réfléchir, d'un seul trait indélébile, qui aille parce qu'on ne peut pas l'enlever, et que cela soit ça. Quoi ? Tout à fait ça.

lundi 26 mars 2012

Le fou du roi avance de biais ; c'est la règle

Le Cardinal de Guéant, Chancelier Fourbe de film hollywoodien, l'a dit clairement : "Toutes les civilisations, toutes les pratiques, toutes les cultures, au regard de nos principes républicains, ne se valent pas", "Est-ce que le parti socialiste trouve qu'une civilisation qui asservit la femme, qui bafoue les libertés individuelles et politiques, qui permet la tyrannie est une civilisation qui a la même valeur que la nôtre ? Qu'ils répondent !"
Bon, on en a beaucoup parlé, mais la mécanique me fascine. Parce que justement, ils désignés ont répondu. Mais avec des arguments moraux du genre : "on ne peut pas hiérarchiser les civilisations", qui justement donnent du grain à moudre à ceux qui pensent pareil de Sa Fourberie. Parce que ce genre d'argument, ça tombe sous le coupe du "politiquement correct de gauche", sur lequel Le Grand Malsain surfe avec aisance.
Parce que de quoi parle-t-on ? "La civilisation a une définition dans la langue française. C'est un ensemble de caractéristiques qui forment un groupe humain: l'histoire, la culture, un héritage intellectuel et moral. Et c'est bien cela dont je veux parler." précise le Ministre des Outrages. Du coup, tout le monde comprend, et dans un sondage trouvé je ne sais plus où, le quart des gens interrogés trouvaient les propos inacceptables, et la moitié les trouvaient mal interprétés. Donc les trois quart des sondés étaient dans le panier du Grand Persifleur.
Ben oui, parce que ce n'est pas scandaleux, ce qu'il a dit : simplement c'est dépourvu de sens.
La notion de civilisation est une notion sans consistance, sans limite et sans structure, et c'est en ça qu'elle peut avoir une utilité intellectuelle : en tant que notion floue et plastique, très englobante. Du coup, si on ne peut pas hiérarchiser deux civilisations, c'est qu'on ne peut pas les comparer, c'est tout. Les civilisations n'ont pas de limites claires, ni dans l'espace ni dans le temps, et toutes peuvent produire tout et son contraire, le meilleur comme le pire. Donc on ne peut s'en servir comme éléments algébrique pour quelque calcul que ce soit, ni pour les hiérarchiser, ni pour décrire leur affrontement.
Donc, Guéant, le Finaud, n'a rien dit : et ceux qui voulaient entendre "les Arabes pas chez nous" l'ont entendu, et ceux qui s'en sont scandalisé on réactivé le mépris que leur vouent les premiers. Dons, en terme de jeu d'échec, c'est un très joli coup : tout dire sans rien dire, et faire l'offensé. Le Chancelier Fourbe, dans les films hollywoodiens, est toujours le plus intelligent. Il finit précipité du haut de l'une des tours du château. Plus que 27 jours.

lundi 19 mars 2012

Parfois taper sur des caisses et des rondelles crée de la pure beauté

J'aimerais pas que mes enfants jouent de la batterie. C'est un bel instrument mais infernal en chambre. Il y a des tas de batteurs qui font leur métronomes et ils jouent bien quand on les oublie. Et puis d'autres c'est autre chose : ils sont au centre, ils créent l'espace musical comme une charpente et les autres se glissent dedans. Joey Baron est comme ça. Entendez dans la vidéo qui suit le moment où il commence : Zorn et Douglas jouent, puis d'un coup il arrive et aussitôt la musique a un plancher, des murs, un toit, et Greg Cohen à la basse coule délicatement une sorte d'enduit souple qui rend ça moelleux, puissant mais gemütlich, et Baron jusqu'au bout tient sa charpente énorme où les deux potes de souffle déambulent à un pas de promenade. Quand je les ai vus à Vienne il y a quelques années, j'étais en lévitation tout le temps, je n'ai atterri qu'aux dernières notes ; et encore, pas tellement atterri.

vendredi 16 mars 2012

y'a plus d'saison, la fourrure devient inmettable


Parlons du temps, c'est universel. Je sais pas si c'est une conséquence de l'âge mûr, qui fait que l'on ne reconnaît plus rien de ce que l'on s'était habitué à connaître, mais le temps, vraiment, je me demande comment il évolue. L'hiver fut torché en quinze jour arctiques où la Saône gela d'un bord à l'autre, au grand dam des mouettes qui arpentaient cette banquise à pieds avec cet air fâché des mouettes, et d'un coup tout dégela et recommencent ces jours de guérilla thermique où je ne me déplace plus que par bond, dans l'ombre, pour échapper au soleil. Puis pfffit, repasse un vent glacé qui sent fort le pelage d'ours blanc (même odeur que le grizzly, mais avec davantage de phoque). Et puis le vent tombe d'un coup, et dans mon manteau boutonné, je bous. Pour une année de fin du monde, je trouve que la météo est bâclée.

dimanche 11 mars 2012

Le mystère du colis vide


Il y a des gens qui lisent mon livre. Certains ne l'aiment pas, cela arrive. Comme moi je le vois mal, puisque je suis dedans, je me contente d'entendre ce que l'on dit. Mais quelque chose me laisse perplexe, perplexe avec une pointe d'ironie : certains trouvent que je dis des banalités dans ce livre; que j'aligne des lieux communs; que j'expose des idées rebattues. Bon, jusque là je comprends. Mais aucun de ces contempteurs, aucun, strictement aucun ne cite l'une de ces idées banales. Du coup, j'ai lu mille fois cette critique là, et je ne sais toujours pas de quoi il s'agit. Je n'en ai pas la moindre idée. C'est très étrange de subir une critique et qu'elle soit vide. C'est comme un colis piégé, mais qui n'explose pas. Au début, je me disait "Ah bon ? ", parce que je suis bon garçon, je crois ce qu'on dit ; et puis depuis, bien j’attends, qu'on m'explique. Mais rien ne vient. La critique est toujours là, mais vide. Que veulent-ils dire, ceux qui disent que j'ai des pensées banales ? Et pourquoi ne précisent-ils jamais. C'est un mystère à méditer derrière une petite bière.

mercredi 7 mars 2012

Les autres éxagèrent toujours

Deux Américains à Paris se régalent d'huîtres. J'adore les Américains d'âge mûr, éduqués, fortunés, qui viennent en couple à Paris : je crois les entendre penser "J'adore paris", et je crois voir défiler en leur âme cinéphile tout ce qu'Hollywood raconte sur la Ville Lumière * (en français dans le texte).
On dit toujours des bêtises sur les autres.
Parfois certains semblent croire à ces bêtises. C'est étrange. Quand j'entends Fillon dire :« les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé »




Il l'a fait...le premier ministre, l'air de rien, parle comme OSS
117...ce film dit vraiment plus qu'il n'en a l'air

lundi 27 février 2012

Maréchal, me voilà

Voilà que ça sent le poussiéreux, ce blog. Manque d'espace pour griffonner, je radote, je crois. Et quand j'ai un moment assis, c'est dans le train. Et je ne sais pas comment ils font ceux qui dessinent dans le train, moi je trouve que ça bouge. Peut-être ais-je les proprioceptions aiguisées ? Ou la main pas assez ferme. A cause des médailles, ça. J'ai reçu celle de la ville de Lyon, celle de la ville de Belley, je suis décoré comme un maréchal soviétique, je cliquète en marchant, je dévie les boussoles sur mon passage, je penche en avant et dois me cambrer pour résister au poids. Une légère odeur de formol m'entoure. Deux messieurs costauds, très polis, m'emportent pour le défilé sur la Place Rouge. Ils veilleront. Si je vacille, ils me maintiendront. Et quand tous les jeunes gens impeccables auront traversé la place de leur pas minuté, ils me remporteront, toujours très polis. je suis Maréchal du peuple des Lettres, et on ne me sort plus qu'avec précautions.

jeudi 26 janvier 2012

Faudrait que je fasse les salons à bicyclette

Le régime Goncourt est assez déplorable : sandwich au pain de mie les midis, debout dans la gare, ou assis dans le train, restaurant le soir, avec petit verre, hips, et puis dodo et puis signatures encore. Ma bicyclette, la pauvre, reste seule au garage, le compteur n'a pas enregistré un tour de roue depuis août. Pas bon, ça ; pas bon. Il me suffit de baisser les yeux pour voir que c'est pas bon. Ecrire, déjà que c'est pas bon, parce que ça se fait assis, et ben quand l'écrit marche, c'est encore plus pas bon. L'art, ça craint.

dimanche 15 janvier 2012

Les Etats sont impuiissants face aux marchés ? Bombardez les marchés.

La France a perdu son triple A. Tu parles. Comme si elle avait un triple A. Comme si elle avait perdu quelque chose. Simplement, une agence de notation avait donné cette note là. La situation était résumée en une note probabiliste, exprimant le risque virtuel. On a l'impression, à entendre et lire, que la France avait une propriété physique, qu'elle l'a perdue comme on perd une casquette, et qu'il faut courir pour la rattraper. On pourrait croire, à lire et à entendre, que l'instrument de mesure est la réalité. Et que la réalité doit s'adapter à l'instrument de mesure. Quand on sait comment fonctionnent les instruments de mesure, on en est moins sûr, de cette supposée adéquation. C'est une des dérives idéologiques du libéralisme que de croire que les bourses, les taux ou les prix reflètent une réalité ; on ne prend jamais en compte les dynamiques internes propres aux instruments de mesure. Pour répondre fermement à cette crise, je propose de bombarder le siège des agences de notation. Cela démontrera les qualités de cet avion Rafale que nous avons un peu de peine à vendre, et ça calmera les autres. Après, on discute de ce troisième A qu'ils auraient égarés.

vendredi 13 janvier 2012

Mon indolence naturelle est mise à rude épreuve


Il n'aura échappé à personne que ça sent un peu la panne, la sécheresse créative, la pénurie graphique. C'est que le dessin se fait en silence et sans contraintes...alors du coup, il s'en fait peu. Du dessin, je veux dire, car des contraintes, y'en a, et du silence, par contre, point. Une figure dans un carnet. Mais j'avais bu une bière, c'était tard, je n'avais rein de pressé à faire, et c'est bien rare.

dimanche 1 janvier 2012

Je crois que l'on surestime beaucoup l'astronomie maya en ce moment

Amis lecteur, l'océan est si grand, qu'il s'y trouve sûrement une île pour chacun. Allez où vous voulez. Mais à qui ne sait pas où il va, tous les vents sont contraires. On m'a vendu ça comme proverbe chinois, mais je crois que c'est dans Montaigne. Peu importe : c'est vrai. Heureuse année à tous.