dimanche 27 janvier 2013

C'est la guerre, je suis allé acheter un kilo de rutabagas au marché

Il est des choses ainsi dont on connaît le nom sans connaître la chose, et le nom dérive tout seul dans un ciel de représentations floues, sans toucher le sol, et on ne sait pas trop ce que c'est, mais cela évoque toujours un paysage étrange. Et puis on finit par savoir ce que c'est. Rutabaga, par exemple, j'en ai entendu parler comme légume de guerre dans les années soixante, sans en avoir jamais vu,et il rejoignit les tractions avant, les gazogènes, les mitraillettes Sten et Radio Londres. Dans les années 90 j'en trouvais au marché et en mangeait. Puis dans les années 2000, esprit lent, je me demandais pourquoi il avait quand même un drôle de nom. Dans les années 2010, je cherchais, et trouvait que rotabaggar ça veut juste dire chou-rave en suédois. Et j'en trouvais quelques recettes. Toute une vie de recherche pour banaliser les rêveries verbales de l'enfance. Je ne sais pas si on y gagne, à grandir en savoir et sagesse...

mercredi 23 janvier 2013

Tout un peuple de petits canards difformes

J'adore Knar, même si c'est un peu tarte de la dire, puisque tout le monde adore Knar, et que son Birdy, son petit canard géométrique et loucheur en vient à décorer la mairie, et être vendu en sacs et t-shirt. Mais 'aime quand même. Il en met partout depuis des années, sur les murs, dans les trous du skate park, et les plus incroyables, sur la barrière centrale du périphérique est. Mais ce que j'aime, surtout, c'est qu'en gardant une structure ultrasimple, il en explore toutes les variation, avec des microtrouvailles qui relancent la nouveauté pour quelques figures, et ça continue depuis des années. Faire tant avec si peu de formes, c'est un vrai enjeu esthétique, une performance oujours prête à rater, et qui procure un plaisir immense quand elle réussit encore une fois, en attendant la prochaine pirouette, le prochain tout petit changement. J'en ai presque le cœur battant de découvrir comment Knar se renouvelle encore une fois.

jeudi 17 janvier 2013

Le pull est en voie de disparition, comme l'ours blanc

Une des conséquences méconnues du réchauffement climatique, c'est que j'ai du mal à mettre mes pulls, les gros pulls en vraie laine, que j'aime tant mettre, mais qui attendent en pile dans le placard que le thermomètre baisse, et il ne baisse pas. Alors quand je vois au matin le verglas sur le quai et les voitures rouler avec précaution, quand je vois les passants marcher à pas précautionneux, leur main emmoufflée serrant leur écharpe contre leur cou et leur nez, quand je vois un nuage de vapeur précéder chacun, et bien je me réjouis. Je file au placard, je choisis un gros pull de laine épaisse, rassure les autres en promettant que je vais bientôt venir les chercher, et je sors. Oh comme il est bon, le froid au bout du nez, et l'air frais glissant à travers les mailles de laine ! Quand je pense que quelqu'un m'a un jour confié qu'il était heureux de s'être expatrié sous les Tropiques parce que ça faisait des années qu'il n'avait pas vu d'hiver...le pauvre.

mercredi 9 janvier 2013

Dans certains domaines, il vaut mieux que je laisse faire les autres

J'ai une incompétence absolue dans le domaine de la musique, incapable d'en jouer, d'en chanter, ni même d'en mémoriser, ce qui ne m'empêche pas d'en écouter. Comme quoi, dans certains cas, on peut aimer sans retour sans que cela brise le cœur. Mais des fois, j'aimerais. J'aimerais jouer, et plus que tout, à part grosse caisse dans une fanfare de village, de la contrebasse dans un concert de jazz; Et parfois, dehors, tout seul. J'aimerais bien, mais cela fait partie des choses que je ne ferais jamais. Alors, j'écoute.

dimanche 6 janvier 2013

Je ne touche que les gens ; le reste, c'est inconvenant

Comme j'avais un téléphone au normes subsaharienne, c'est à dire finlandais, rafistolé, sans capot, l'écran rayé de sable, envoyant les messages quand il y pensait et enregistrant quand il avait le temps, j'ai été amené, après une panne supplémentaire qui m'a fait crier dans la rue "Allo ! Tu m'entend s?" à quelqu'un qui répétait d'un ton de plus en plus excédé "Allo ?", à changer, donc, de téléphone. L'accorte vendeuse s'est jetée sur moi avec un sourire carnassier. Mais je me suis aussitôt récrié : "Surtout, rien de tactile ! " Parce que c'est quand même un peu dégoûtant, de caresser son téléphone. Après, il est plein de traces de doigts, comme une table de cafétéria de gare. Et puis quand même, caresse-t-on un objet ? Même s'il souhaite que vous lui parliez, et que parfois il vous parle, ce n'est quand même qu'un petit objet. Des fois, tout comme j'ai l'impression que les chien sont une réduction émotionnelle d'un compagnon, j'ai l'impression que les téléphones sont les réduction émotionnelles d'un chien. Et de réduction en réduction, il ne reste plus grand chose des rapports émotionnels, non ? Je suis reparti avec un téléphone à touches.

mardi 1 janvier 2013

Un tour de plus autour du même soleil

Je l'avais bien dit, les Mayas sont des croûtes en astronomie. Donc notre monde est toujours là, à peu près égal à lui-même, tout autant source de soucis, mais ça on s'en moque, que source de joie, et ça c'est bien. Bonne année à vous.