samedi 30 mars 2013

Il est des mots qui ne s'enracinent pas

Il faut faire de nécessité vertu, et si j'invente des néologismes c'est que je ne sais pas prononcer les langues étrangères : je n'ai jamais su comment on disait thriller, parce que je l'ai surtout lu, sans savoir jamais eu à l'employer. Et quand je l'entends, et que je m'y essaie, je ne sais pas me décider : soit on le dit parfaitement bien à l'anglaise, avec une sorte d'étrange effacement du "thr" qui est là sans être là, présence fantomatique que je ne saurais reproduire, soit on le dit à la française, avec un "sri" qui tombe assez mal dans notre langue, qui se rythme différemment. La peste soit de ces mots imprononçables, qui soit s’aplatissent quand on les intègre, soit restent sauvages et agités, et il faut prendre son souffle et faire un petit bond de cabri dans la phrase française, tant le rythme des deux sont incompatibles. Même chose pour le "Cents" des euros, imprononçable en français pour ces raisons là, car l'on devait retenir son souffle et lancer le mot comme une balle pour ne pas le confondre avec le cent, qui se prononce bien, lui, mais veut dire autre chose, heureusement qu'on l'a converti en centime, bien plus adapté au climat. Du coup, je néologise, je néopronnonce, et la fluidité de l'ensemble est conservée. Cela me va mieux ainsi.

dimanche 10 mars 2013

A voir ce qu'on voit, on se demande si on ne voit pas autre chose

En ces temps de débat raidi autour de de la nature du sexe et du sexe de la nature, où il en est qui prônent un mariage écologique et productif (si si, j'ai vu les affiches sous le pont de Perrache, en courant ce matin, elles n'étaient qu'à moitié arrachées), chose que j'ai mis un moment à comprendre et que j'ai compris comme réaffirmation des normes les plus stricte, un appel à suivre les lois de la Nature, même si on ne sait pas ce qu'elles sont, ces lois, et même pas vraiment ce qu'elle est, la Nature, et bien ce dessin peut prêter à confusion. Mais ce n'est que la nom du bar. Tout ici est parfaitement authentique et naïf. Bien sûr. Comme toujours. Cela va sans dire.

vendredi 8 mars 2013

Retrouver la banquette de Thomas Bernhard, et s'y assoir

Vienne est étrange, un mélange de Shonbrunn/Sissi très niais, de graphisme sécessionniste épuré, et d'air du temps années cinquante resté là, plutôt dépressif. Mais ça va ensemble au fond, chacun étant la fuite de l'autre. On doit fuir beaucoup, à Vienne, tant l'air doit pouvoir être un peu lourd à respirer, à force.
Mais la plus belle chose de Vienne est sans conteste les cafés. Ce n'est pas une légende. Il en est de fort touristiques, des chics où les serveurs parlent français, des étudiants assez bruyants où les serveurs sont tatoués, et puis des vastes et tranquilles. Des merveille de tranquillité. Des océans de tranquillité. On y sert plusieurs sortes de café et dans une vitrine sont exposés les Sacher Torte. Je crois que si j'avais de tels cafés près de chez moi, je m'y établirais, demanderais que l'on place la petite pancarte "Reserviert" sur l'une des tables, et ce serait définitivement mon bureau.