dimanche 11 mars 2012

Le mystère du colis vide


Il y a des gens qui lisent mon livre. Certains ne l'aiment pas, cela arrive. Comme moi je le vois mal, puisque je suis dedans, je me contente d'entendre ce que l'on dit. Mais quelque chose me laisse perplexe, perplexe avec une pointe d'ironie : certains trouvent que je dis des banalités dans ce livre; que j'aligne des lieux communs; que j'expose des idées rebattues. Bon, jusque là je comprends. Mais aucun de ces contempteurs, aucun, strictement aucun ne cite l'une de ces idées banales. Du coup, j'ai lu mille fois cette critique là, et je ne sais toujours pas de quoi il s'agit. Je n'en ai pas la moindre idée. C'est très étrange de subir une critique et qu'elle soit vide. C'est comme un colis piégé, mais qui n'explose pas. Au début, je me disait "Ah bon ? ", parce que je suis bon garçon, je crois ce qu'on dit ; et puis depuis, bien j’attends, qu'on m'explique. Mais rien ne vient. La critique est toujours là, mais vide. Que veulent-ils dire, ceux qui disent que j'ai des pensées banales ? Et pourquoi ne précisent-ils jamais. C'est un mystère à méditer derrière une petite bière.

8 commentaires:

Calabois a dit…

C'est sans doute que ces contempteurs n'ont pas su rentrer dans le vide du sujet...

Anonyme a dit…

Dire des banalités c'est banal.

Pour ce qui est des critiques, pour beaucoup le plus important n'est pas la profondeur d'une pensée, mais le pouvoir d'énoncer cette critique.

Formuler des critiques constructives mérite un minimum de capacité de réflexion et au final je pense que c'est un effort dont beaucoup n'ont pas la capacité.
Et puis il faut avoir lu la chose...ce qui n'est jamais une certitude.

Alcofribas a dit…

Depuis 1950 et quelques (ce qui coïncide avec mon adolescence) il nous faut subir l'engrenage colonialisme-guerre d'Algérie-racisme,et le manichéisme qu'il génère. Je ne vois pas grand monde qui ait eu le courage d'essayer de regarder les choses en face, et ce n'est pas la moindre qualité de votre roman. Alors, pour les "banalités", ils peuvent repasser, les pseudo-lecteurs;
"Banal" ce qui depuis de longues années nous travaille collectivement et nous hante? Le mot leur sert à rénfouir prestement, à re-refouler ce que vous avez ramené au jour ( et ce n'était pas facile.)
La littérature doit être séculière, tout le monde le pense sans doute, mais quel malentendu sur la sécularité! Au nom du siècle, qui est névrotiquement pressé, la mentalité commune, relayée par la démagogie éditoriale, revendique la facilité de lecture, l'oralité imprimée, le thriller pour le plaisir d'être thrillé, le roman-jetable. Si le vôtre s'accommode peut-être difficilement du métro et autres lieux communs, c'est que votre manière d'être dans le siècle est tout autre. Votre dense générosité se heurte à la paresse et à la lâcheté. N'en soyez pas ébranlé. Votre roman va durer.

Gilbert Pinna, le blog graphique a dit…

" L'encre dans le bol s'évapore, elle s'épaissit, il faut peindre sans traîner. Les permiers traits ont la fluidité d'un souffle humide, un baiser qui s'approche, mais ensuite le poids de l'encre augmente, elle colle davantage, elle englue les poils du pinceau, elle pèse, on le sent dans les doigts et dans le bras et dans l'épaule, les traits se font graves, et enfin, visqueuse comme un huile minérale, épaisse comme un bitume recouvrant le fond du bol, elle donne à la dernière trace un poids effrayant d'eau de puits." écrivez-vous page 631 de votre livre.
Le dessiner est ce geste impossible qui n'a de cesse de s'incarner en une matière graphique et qui cherche tout à la fois à la fuir par la fluidité fulgurante de l'encre... cette "huile minérale" qui s'abîme en "eau de puits", est magnifiquement bachelardienne.

Anonyme a dit…

C'est que ces gens-là se contentent de répéter ce qu'ils entendent. Ils sont contents d'avoir quelque chose à dire, parce que l'on croit souvent que trouver des défauts à un livre est une marque d'intelligence. Evidemment, je pense que tout livre a ses défauts et est perçu différemment selon le lecteur. Cela dit, je trouve que vos idées sont traitées de manière originale et que si ces gens sont incapables de justifier leurs critiques, il n'est pas utile d'accorder du crédit à leurs remarques - dans la mesure où ils n'argumentent pas bien sûr. A partir du moment où la remarque est bien expliquée, je pense que toute critique est bonne à prendre.

Llupanki a dit…

Je n'ai rien à dire, j'avais juste envie d’écrire un mot.

mokhtari a dit…

Monsieur
Je m'appelle Rachid Mokhtari, écrivain et critique littéraire algérien. JOurnaliste. J'ai lu avec délectation votre roman L'art français de la guerre. Je prépare actuellement un essai sur La guerre d'Algérie dans le roman français. Auriez-vous l'amabilité de m'accorder un entretien.
Voci mon mail: h_rachid_50@yahoo.fr ou mokhtarirachid@ymail.com

Cordialement.

Anonyme a dit…

je suis un robot j'ai trompé la machine.

Le livre de ce monsieur est grand et bon. Les banalités permettent de se reposer un peu entre deux.