mardi 29 novembre 2011

J'en suis à ramasser les moments trouvés

Je cours et je n'ai le temps de rien. Je ramasse les instants comme des pièces de monnaie trouvées dans la rue : rares, brillants de loin, et ça fait merveilleusement plaisir, plus par l'heureuse surprise que par la valeur faciale; ou leur durée. Mercredi j'avais un rendez-vous et le train, aidé du taxi, m'y a emmené avec une heure d'avance. J'avais une heure, rue Oberkampf. Alors je suis allé me promener, il y avait du monde, des cafés ouverts, je me suis assis, et puis j'ai fait ce que j'aime faire : rien, regarder, griffonner au stylo bille sur mon Quo Vadis que je sortais souvent et que je ne sors presque plus. Mon téléphone s'agitait, mais qu'est-ce que j'en avais à faire ? A l'heure dite, j'ai rangé, j'allais partir, j'ai regardé le téléphone : les appels en absence s'accumulaient. Mon rendez vous, qui savait l'heure d'arrivée du taxi, s'inquiétait de ne pas me voir paraître avec une heure d'avance. Il me croyais perdu, pensait son direct foutu. Je l'ai rassuré sur le chemin. J'étais content d'avoir vu la Chinoise d'Oberkampf. Ce moment sans rien, un peu volé, brillait comme une petite pièce trouvée dans la rue.

7 commentaires:

Brigitte en Calédonie a dit…

j'ai l'envie de venir lire vos impressions ( et ce soir, enfin une!) parce que je crois, j'y ai le sentiment d'être là bas, ailleurs, dans votre vision rêveuse des moments décrits.souvent ressentis et par vous mis en mots.J'aime vos pensées silencieuses mais données, monsieur le poète ...et ce livre sur "la guerre" sera une découverte probablement grâce à ce blog, sans lequel il serait resté pour d'autres lecteurs...à suivre MERCI

Raphaële a dit…

Ne pas perdre ces instants qui font tout le sel de l'existence...

Anonyme a dit…

Je voudrais profiter de votre blog pour vous remercier d’avoir écrit « l’art français de la guerre ». Enfin un écrivain qui parle de cet « inconscient » national, de ces non-dit qui nous habitent depuis la défaite de 1940, multipliés par 1954 et 1962. J’ai aimé ce livre que je vais bientôt finir, que j’ai acheté avant que vous ayez le Goncourt et dont la fin me touche particulièrement puisque je viens de l’autre côté de la mer. Je pense que votre livre devrait aider à la réconciliation entre les deux rives ; vous parlez juste et pointez ce qu’il faut.
Merci à vous donc.

Calabois a dit…

des petits rien qui font du bien...

Anonyme a dit…

Je n'aurai pas la chance de vous rencontrer au Festival du Premier Roman de Laval, mais à la lecture de votre blog, et à la découverte de vos dessins, je sens le besoin de silence et de contemplation qui parfois vous assaille.

N'y résistez pas...

Anonyme a dit…

La vie passe vite, surtout pour ceux qui n'ont le temps de rien.

Anonyme a dit…

Attention coquille : Il me croyai_t perdu. Bien à vous.