mardi 29 novembre 2011

J'en suis à ramasser les moments trouvés

Je cours et je n'ai le temps de rien. Je ramasse les instants comme des pièces de monnaie trouvées dans la rue : rares, brillants de loin, et ça fait merveilleusement plaisir, plus par l'heureuse surprise que par la valeur faciale; ou leur durée. Mercredi j'avais un rendez-vous et le train, aidé du taxi, m'y a emmené avec une heure d'avance. J'avais une heure, rue Oberkampf. Alors je suis allé me promener, il y avait du monde, des cafés ouverts, je me suis assis, et puis j'ai fait ce que j'aime faire : rien, regarder, griffonner au stylo bille sur mon Quo Vadis que je sortais souvent et que je ne sors presque plus. Mon téléphone s'agitait, mais qu'est-ce que j'en avais à faire ? A l'heure dite, j'ai rangé, j'allais partir, j'ai regardé le téléphone : les appels en absence s'accumulaient. Mon rendez vous, qui savait l'heure d'arrivée du taxi, s'inquiétait de ne pas me voir paraître avec une heure d'avance. Il me croyais perdu, pensait son direct foutu. Je l'ai rassuré sur le chemin. J'étais content d'avoir vu la Chinoise d'Oberkampf. Ce moment sans rien, un peu volé, brillait comme une petite pièce trouvée dans la rue.

jeudi 10 novembre 2011

Le grilladaire annonce l'apocalypse

Mon boucher m'apprit que c'était bientôt la fin, ce soir peut-être, ou dans la nuit. Les astronomes avaient repéré un astéroïde de 450 km de diamètre, qui devait passer à 2 000 km de la Terre, ce qui n'est rien; et s'ils s'étaient un peu trompé dans leurs calculs : paf. Il ne resterait pas grand chose. Alors j'ai pris un assortiment de museau de bœuf et de salade de pieds de veau. Mon boucher tout en me servant admit préférer la côte de bœuf pour cette occasion. Pour le vin, nous tombâmes d'accord pour un côte du Rhône profond et poivré. Ce serait en tout cas une belle apocalypse lyonnaise.