dimanche 28 novembre 2010

Les brèves de comptoir, ça n'existe pas : il y a trop de temps à tuer et trop peu de mots disponibles.


Les brèves de comptoir, ces petites perles poétiques que l'on recueillerait au bar, sont de pures inventions littéraires : cela n'existe pas. Dans la réalité il n'existe que des longues de comptoir : ils radotent ceux qui pérorent au zinc, ils s’embrouillent, ils insistent, ils se répètent plusieurs fois car le noyau de leur histoire est maigre et ils ont du temps à tuer, ce n'est drôle qui si on le regarde de loin, si l'on s'abstrait, si on les sort du contexte, et surtout si on peut partir à tout moment. L'alcool crée parfois une poésie aléatoire, mais l'ivrogne réel est intarissable, pesant et interminable.

L'autre jour l'un d'eux refondait la météorologie, science tout à la fois complexe et très partagée. « À chaque lune, le temps change : en mieux, ou en moins bien, ou bien reste comme il est. S'il doit changer, il change. J'observe ça depuis des années. Je ne comprends pas que les météorologues n'appliquent pas leur théorie là-dessus. C'est physique, c'est logique. Sinon il n'y aurait pas de marées. La Lune attire l'eau. Alors elle doit bien agir sur l'atmosphère. Ils devraient voir ça, non ? Je ne comprends pas. A chaque lune, il suffit de regarder, le temps change : soit en mieux, soit en moins bien, soit en restant comme il est." Et ça a continué comme ça pendant un moment, avec l'enthousiasme d'un Galilée persuadé de gagner son procès à tous les coups. Brèves, au comptoir ? Celui qui en parle doit voir ça de loin.


mercredi 24 novembre 2010

L'Ipad peut se rhabiller, le papier marche mieux


Un type longuement assis devant un paquet de feuilles couvertes d'écrits en blocs serrés, sans alinéa ni plan apparent; et il rature, rajoute, écrit entre les lignes. Que peut-il bien faire, sinon se livrer à cette activité étrange qui consiste à coucher sur le papier ce que l'on ne dit pas tout haut. Mais quand on le fait, apparaissent des choses que l'on ne savait pas pas pouvoir dire, que l'on ne savait même pas savoir. La feuille écrite est un miroir magique qui montre ce que l'on ne verrait pas à l'oeil nu, qui montre en soit ce que l'on ne savait pas y être.

mardi 16 novembre 2010

Les bourdes de Lagarde font rire

Elle présente bien, Christine Lagarde : belle, intelligente, riche, on lui prête de belles réussites outre-Atlantique, mais elle fait des bourdes de collégienne. Je me souviens d'un journal TV où on la voyait entrer en force dans un supermarché et, à quatre pattes dans les rayons, noter les prix des produits de première nécessité sur un carnet, histoire de vérifier que la grande distribution ne se sucrait pas trop sur le dos de la France d'en-bas. Comme si la place d'un ministre était là, dans les rayons, comme si une personne seule avec un petit carnet pouvait mesurer la hausse des prix, comme s'il n'existait pas des outils mathématiques, des instituts pleins d'économistes et de statisticiens pour faire ça un peu bien. Il fallait sûrement envoyer un message à l'opinion, mais l'image qu'on en garde c'est la ministre en tailleur élégant et bijoux à quatre pattes dans les pâtes entrain de noter le prix du paquet de nouilles entrée de gamme, elle qui n'a pas du faire ses courses elle-même depuis l'année de son bac.
Et puis là, elle récidive, avec une appréciation du remaniement un peu délirante, en jouant sur un double sens de révolutionnaire dont personne n'est dupe, et oubliant qu'un cercle fait 360 degrés, et que si on les gravit tous, les degrés, on en est au même point. D'ailleurs rien ne change dans le gouvernement : cette crapule d'Hortefeux est toujours au poste clé de l'Intérieur et de l'Immigration, la politique crypto-FN peut se poursuivre, avec son obsession des étrangers et ces gesticulations de colonnes d'hommes en bleu experts en sports de combat. Quand à Rama Yade et Fadela Amara, plus de trace. Le précédent a du les faire reconduire à la frontière. Le charter a du atterir, à l'heure qu'il est.

lundi 15 novembre 2010

Le Tai Chi est une pratique de la sieste debout

Le Tai Chi pratiqué à deux est un escrime des mains. Tchikititchak...et hop. C'est une des choses les plus amusantes qui soit. Et on sent au passage des tas de choses étranges sur là où est l'autre. Je ne sais pas comment ça marche, mais ça marche. Le Tai Chi est un domaine où je n'ai pas besoin de savoir, juste de faire. Voilà qui repose. Et il se pratique en silence, ce qui repose encore plus. Ce doit être pour ça que je ressors de sa pratique bien plus reposé que je n'y suis entré.

mercredi 10 novembre 2010

Les fleurs de Nantua sont toutes à l'endroit

Au Monopol, j'ai vu ce type qui me faisait penser à un ami cher, que j'avais quand j'étais au lycée. Je ne sais pas trop ce qu'il est devenu, nos chemins se sont séparés, mais j'ai plein de souvenirs où il est. Un jour nous nous baignions dans le lac de Nantua, au bout du jardin de sa maison où quelques marches descendaient dans l'eau. Nous nagions entre les fleurs flottantes de nénuphars, et au bout du lac on voyait le pont d'autoroute que construisait son père. Sa mère, toujours là, nous regardait nager du jardin. Quand nous sommes sortis, elle s'est approché et lui a dit : " Vous avez renversé plein de fleurs en nageant; va les remettre à l'endroit. Il est redescendu dans l'eau et a remis à l'endroit les fleurs de nénuphar que nous avions retournées. Cette histoire est difficilement partageable, mais elle me fait hurler de rire - intérieurement - depuis tout ce temps. Il y a là quelque chose de poussé à fond, jusqu'à l'absurde : une mère qui demande à son fils de ranger les fleurs qu'il a dérangé en passant. Et il le fait.

mardi 9 novembre 2010

Il est des choses qu'il ne m'intéresse pas de connaître


J'ai toujours eu un goût que je ne m'explique pas pour les femmes au physique étrange. J'admire les femmes belles, comme tout le monde, et beaucoup m'indiffèrent; mais il est parfois des particularités physiques marquées qui m'émeuvent brutalement, et je m'attache à ce visage là. Je ne sais pas pourquoi cela fonctionne ainsi, je m'en moque, même; et même, je ne tiens pas à le savoir. Certains visages recèlent des trésors apparents que personne ne voit. La beauté humaine est d'une diversité admirable.

mercredi 3 novembre 2010

La mémoire de la musique reste comme une courbature dans tous les muscles

Sur ce vague autoportrait, torché au crayon IKEA, je porte les écouteurs que je possède, dont je ne voit plus personne qui aient les mêmes. Ils doivent être obsolètes. Mais les trucs d'Apple qu'on enfonce dans le conduit, ça me sclérose le tympan, et les gros cache-oreilles des jeunes gens, faut pas pousser.
Tb-ruiz a déclenché en moi une vague d'introspection musicale. Juste l'envie de la ranger un peu, en fait, cette mémoire musicale qui, étrangement, ne passe pas.
Je me suis souvenu que j'allais au lycée de Villefranche sur Saône avec un baladeur cassette. C'était top à l'époque. Je retrouve niché dans mes pieds, mes jambes, tous les muscles, le pas décidé que j'avais en traversant un parking ves le lycée, écoutant ceci:

Allez voir là....l'intégration est désactivée...

Et puis ensuite, au retour, je m'assoupissais dans le bus qui me ramenait à Lyon, en écoutant cela, dont je ne me lassais pas.



Il existe un clip officiel, mais il fait furieusement 80', et puis ne rend pas grâce à cette étrange magnétisme, limite maléfique, en tout cas hypnotique, de Burger en concert.
Je me demande si la musique de l'aller et celle du retour ont un lien avec les rapports ambigus que j'entretiens avec mon beau métier. Mais faut pas surintepréter.